24.10.2025

Andorre crypto: fiscalité, cadre légal et expatriation pour les investisseurs en actifs numériques

Le terme « Andorre crypto » renvoie aujourd’hui à trois questions majeures : Est-ce légal d’acheter, détenir, trader ou créer une société crypto en Andorre ? Quelle est la fiscalité appliquée aux plus-values crypto ? Quelles sont les conditions pour s’installer en Principauté et en faire sa base d’activité ? Andorre s’est positionnée comme une juridiction attractive pour les investisseurs, traders et porteurs de projets blockchain : fiscalité plafonnée à 10 %, cadre réglementaire dédié aux actifs numériques (Loi sur les actifs digitaux), stabilité politique et absence d’impôts sur la fortune. Mais cette attractivité s’accompagne désormais d’un haut niveau de transparence fiscale et d’un encadrement par l’autorité financière andorrane (AFA) pour rester aligné sur les standards européens et OCDE.


Le cadre crypto en Andorre : légal, encadré et orienté innovation

Andorre n’interdit pas les cryptomonnaies. Au contraire, la Principauté a décidé de reconnaître juridiquement les actifs numériques et d’attirer des profils à forte valeur ajoutée (traders, fintech, porteurs de projets blockchain). Mais ce n’est pas un “Far West” : il existe des règles.

Une loi spécifique sur les actifs numériques

La Principauté a adopté une loi dite « Loi sur les actifs numériques / Digital Assets Act » (souvent appelée loi sur la représentation numérique des actifs, votée en 2022 et entrée en vigueur à partir d’octobre 2022). Cette loi encadre l’émission de tokens, la représentation d’actifs via blockchain, les plateformes d’échange, la conservation (custody) et les services autour de la finance décentralisée. Elle prévoit :

  • Des statuts réglementaires pour les acteurs crypto (émetteurs, plateformes, dépositaires).
  • Des exigences de capital minimum et d’assurance responsabilité pour opérer.
  • Une supervision par l’Autorité Financière d’Andorre (AFA).
  • Des obligations de conformité anti-blanchiment (KYC/AML).

Objectif clair : faire d’Andorre une place financière crypto-friendly tout en filtrant les projets douteux. C’est une logique “pro-innovation, mais propre”.

Reconnaissance légale de la blockchain

Les textes récents vont jusqu’à donner une valeur juridique à la représentation d’actifs via la blockchain (titres, droits économiques, parts virtuelles), et à encadrer les smart contracts comme instruments opposables. Cela permet d’imaginer des sociétés andorranes dont une partie du capital, des droits d’accès ou des flux de revenus sont directement “tokenisés”. 

Transparence internationale

Andorre renforce aussi son alignement avec l’Union européenne. En octobre 2025, le pays a signé un protocole de coopération fiscale avec l’UE visant l’échange automatique d’informations financières, y compris les actifs numériques. Le but : éviter l’image de “refuge opaque” et rester crédible vis-à-vis des partenaires européens. Ce protocole doit entrer en vigueur à partir du 1er janvier 2026 sous réserve de ratification. 

Fiscalité crypto en Andorre : le cadre chiffré

Le cœur de l’attractivité andorrane pour les détenteurs et traders de crypto, c’est la fiscalité. Les taux sont faibles, l’imposition est lisible, et il n’existe pas d’impôt sur le patrimoine crypto simplement détenu.

Impôt sur le revenu (IRPF) et plus-values crypto

Pour une personne résidente fiscale en Andorre, les gains issus de la vente de cryptomonnaies sont imposés dans la plupart des cas comme des plus-values mobilières. Le taux maximum appliqué est d’environ 10 % sur le bénéfice net, après déduction des pertes le cas échéant. Certaines sources indiquent qu’une première tranche de gains peut être exonérée (en pratique, les premiers milliers d’euros de gains annuels peuvent être non imposés), puis le reste est taxé dans la limite de ce plafond de 10 %. 

À noter :

  • Il n’y a pas d’imposition juste pour la détention. Ce n’est pas l’existence du portefeuille crypto qui est taxée, mais la plus-value réalisée lors de la cession.
  • Les plus-values latentes (non réalisées) ne sont pas imposées.
  • Il n’y a pas d’impôt sur la fortune en Andorre : simplement posséder du Bitcoin, de l’Ether ou des stablecoins ne génère pas de taxe patrimoniale. 

Quand l’activité crypto devient “professionnelle”

Si l’administration considère que le trading crypto est une activité habituelle et organisée, les profits peuvent être analysés comme un revenu d’activité, donc intégrés à l’impôt sur le revenu jusqu’à 10 %. Autrement dit : un investisseur long terme et un day trader haute fréquence peuvent ne pas être traités fiscalement de la même façon. L’administration regarde la fréquence des opérations, le volume, l’intention spéculative continue, etc. 

Fiscalité des sociétés crypto

Une société andorrane (typiquement une SL) qui fait du trading crypto, du market making, du conseil blockchain ou de la gestion d’actifs numériques est soumise à l’Impôt sur les Sociétés.

  • Taux standard : 10 % sur le bénéfice.
  • Possibilité de régimes réduits (2 à 4 % effectifs) pour certains modèles économiques liés à l’innovation, à la propriété intellectuelle ou à la technologie, sous conditions. 

Point intéressant pour les structures plus avancées : les dividendes distribués par une société andorrane aux associés résidents ne subissent pas de surimposition locale, ce qui crée un schéma fiscal très lisible pour les holdings crypto. 

IGI (TVA andorrane) et crypto

L’IGI (équivalent TVA) en Andorre est faible : taux général 4,5 %, avec des taux réduits à 1 % ou des exonérations sur certains services. Les transferts d’actifs numériques utilisés comme moyens de paiement peuvent bénéficier d’exonérations, et les activités de minage ne sont pas soumises à l’IGI si elles ne sont pas considérées comme activité commerciale directe. 

Expatriation crypto : résidence en Andorre et statut légal

S’installer en Andorre pour optimiser la fiscalité crypto n’est pas juste une question d’adresse postale. Il faut obtenir la résidence administrative ET surtout devenir résident fiscal réel. Sans ça, l’ancien pays de résidence (France, Espagne, Belgique, etc.) peut continuer à taxer les plus-values.

 Résidence fiscale

La résidence fiscale en Andorre est généralement reconnue si la personne :

  • Passe plus de 183 jours par an en Principauté,
  • Ou y concentre son “centre d’intérêts économiques”,
  • Ou exerce une activité sous structure andorrane (ex. dirigeant/gérant d’une société locale). 

Le fisc local (et les fiscaux étrangers) regardent la réalité : logement, présence physique, comptes bancaires, affiliation locale, etc. Sans cohérence factuelle, la domiciliation est contestable.

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Résidence active vs résidence passive

Deux voies principales existent dans la pratique :

  •  Résidence “active” : via la création d’une société andorrane et l’exercice d’une fonction de direction (administrateur/gérant). Ce statut implique affiliation à la sécurité sociale andorrane et présence effective dans le pays.
  • Résidence “passive” (souvent dite “investisseur international”) : pensée pour les profils à hauts actifs, investisseurs, “rentiers”, ou détenteurs d’un patrimoine financier significatif. Elle demande un engagement économique minimum en Andorre (par exemple, investissement local ou dépôt auprès de l’Autorité financière) et impose une présence physique plus limitée (souvent autour de 90 jours/an).

 Pour un profil crypto à haut patrimoine, la résidence passive peut être intéressante : peu d’obligations opérationnelles quotidiennes tout en offrant le statut fiscal andorran. 

Banques et ouverture de compte

Ouvrir un compte bancaire en Andorre n’est pas automatique. Les banques andorranes appliquent des procédures KYC/AML strictes :

  •  Justificatifs d’origine des fonds,
  • Historique des activités,
  • Traçabilité des gains crypto (extractions d’exchange, relevés, preuves d’achat initial).

Contrairement à l’image “crypto = anonymat”, la pratique andorrane va plutôt vers “crypto = actif financier traçable”, surtout depuis que le pays renforce l’échange d’informations avec l’Union européenne, y compris sur les actifs numériques. 

Points de vigilance pour un projet crypto en Andorre

Le discours “Andorre = zéro impôt, zéro contrôle” est faux. La réalité 2024-2025 est plus mature : le pays attire, mais exige de la conformité.

 Substance réelle

Les autorités andorranes — comme les autres administrations fiscales européennes — attendent une substance économique :

 Présence physique,

  • Bail réel,
  • Décision stratégique prise localement,
  • Comptabilité tenue en Andorre.

Un simple montage artificiel risque une remise en cause fiscale dans le pays d’origine.

Traçabilité crypto

Les banques et l’administration demandent de pouvoir retracer l’origine des fonds, surtout en crypto. Les portefeuilles anonymes non documentés, les mixeurs, les fonds issus d’exchanges non vérifiés sont considérés comme des signaux à risque.

 Coopération fiscale européenne

À partir du protocole signé en octobre 2025 entre Andorre et l’Union européenne, l’échange automatique d’information financière inclura explicitement les actifs numériques, l’e-money et les nouveaux instruments financiers. L’objectif est d’éviter l’évasion fiscale et d’aligner Andorre sur les standards OCDE/CRS. 

 En résumé : “Andorre crypto”, un arbitrage entre optimisation et conformité

L’expression “Andorre crypto” ne se limite plus à l’idée d’un refuge fiscal. Elle désigne désormais une véritable place financière régulée, où la fiscalité avantageuse s’accompagne d’un cadre juridique solide et d’un haut niveau de transparence.La Principauté applique une imposition plafonnée à 10 % sur les plus-values issues des cryptomonnaies pour les résidents fiscaux, sans impôt sur la fortune ni taxation de la simple détention d’actifs numériques. Ce régime fiscal clair, associé à une législation spécifique sur les actifs digitaux, confère une sécurité juridique rare dans le domaine. La loi andorrane reconnaît la valeur légale des smart contracts et de la tokenisation d’actifs, sous la supervision de l’Autorité Financière d’Andorre (AFA), garantissant ainsi un environnement à la fois innovant et conforme aux normes internationales. Enfin, Andorre s’inscrit dans une dynamique de coopération fiscale renforcée avec l’Union européenne et l’OCDE. L’échange automatique d’informations inclura dès 2026 les actifs numériques, assurant une transparence totale et une conformité internationale complète. En combinant optimisation légale, innovation technologique et stabilité réglementaire, Andorre s’impose désormais comme un hub crypto mature et crédible, capable d’attirer les traders, investisseurs et entrepreneurs à la recherche d’un cadre à la fois compétitif et durable. Ce n’est plus une zone grise, mais une place crypto assumée et structurée au cœur de l’Europe.

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