28.10.2025

Paradis fiscal Suisse : réalité, forfait fiscal et comparaison avec l'Andorre

On parle depuis des décennies de la “Suisse, paradis fiscal”, et l’expression continue d’attirer. Mais derrière le cliché bancaire et les montres de luxe, la réalité fiscale suisse en 2025 est plus nuancée. Oui, la Suisse reste fiscalement attractive pour certains profils d’expatriés, notamment les grandes fortunes internationales. Mais non, elle n’est pas fiscalement “zéro impôt”.


La Suisse est-elle (encore) un paradis fiscal ?

D’abord, la Suisse taxe les résidents sur leur revenu et sur leur fortune. Contrairement à la France (qui a supprimé l’ISF pour ne garder que l’IFI immobilier), la Suisse applique encore un impôt sur la fortune, calculé chaque année sur le patrimoine mondial net, avec des taux cantonaux pouvant approcher 1 % pour les patrimoines très élevés. Ensuite, la Suisse est un pays fédéral. L’impôt n’est pas seulement national (fédéral) : il est aussi cantonal et communal. Traduction : deux expatriés avec le même revenu peuvent payer des montants très différents selon le canton où ils vivent. Enfin, la Suisse n’est plus le coffre-fort opaque d’avant. Elle applique désormais l’échange automatique d’informations bancaires et signe des conventions de non double imposition avec les pays européens pour éviter les montages agressifs trop visibles.  Alors pourquoi parle-t-on encore de paradis fiscal ? Principalement à cause d’un dispositif unique : le “forfait fiscal”.

Le forfait fiscal suisse : l’arme d’attraction massive des fortunes étrangères

Le forfait fiscal suisse (aussi appelé “imposition d’après la dépense”) est un régime réservé aux étrangers fortunés qui s’installent en Suisse sans y exercer d’activité lucrative locale. Il ne taxe pas vos revenus mondiaux réels : il taxe votre “train de vie”. 

Fonctionnement du forfait fiscal

Au lieu de déclarer vos revenus, vos dividendes, vos plus-values, vos holdings, etc., vous négociez avec le canton une base imposable forfaitaire. Cette base est calculée selon vos dépenses annuelles estimées en Suisse (logement, personnel, niveau de vie…), ou selon un multiple de la valeur locative de votre résidence suisse.

Dans la pratique :

  • Le droit fédéral impose un minimum (par exemple l’équivalent d’au moins 400000 francs suisses de base imposable au niveau fédéral).
  • Chaque canton peut fixer ses propres exigences et négocier. Certains cantons rajoutent une marge ou un plancher plus élevé. À Genève, par exemple, une majoration de 10 % peut être appliquée à la base forfaitaire retenue, ce qui augmente automatiquement l’impôt dû.
  • Et surtout : ce régime n’est pas disponible partout. Certains cantons (comme Zurich) l’ont supprimé sous pression politique, d’autres (Vaud, Valais, Genève, etc.) le maintiennent pour attirer du capital. 

Ce système séduit les expatriés à très haut patrimoine car il offre une prévisibilité fiscale : ils savent à l’avance combien ils vont payer, et ce montant n’explose pas avec la hausse du patrimoine ou des dividendes étrangers.

Les limites du forfait

Le forfait fiscal suisse est puissant mais pas universel :

  • Il est réservé aux étrangers qui ne travaillent pas activement en Suisse. Un entrepreneur opérant sur place ne peut pas en profiter.
  • Il est cher : on parle de centaines de milliers de francs de base imposable, souvent bien plus dans les cantons premium (Genève, Vaud).
  • Il est politiquement sensible. Il subit une pression régulière parce qu’il est perçu comme un “traitement VIP” pour ultra-riches étrangers que les Suisses eux-mêmes ne peuvent pas obtenir. Certains cantons l’ont déjà aboli, ce qui montre que le dispositif n’est pas intouchable. 

En clair : la Suisse peut être un paradis fiscal pour vous… si vous êtes très riche, mobile, prêt à vivre en Suisse et à acheter ce statut fiscal.

Fiscalité “classique” en Suisse pour un expatrié qui travaille

Pour un expatrié “normal” qui vient vivre et travailler en Suisse, sans forfait fiscal, la situation est différente. Les revenus du travail sont imposés à des taux progressifs. Il existe des différences cantonales importantes, mais globalement la pression fiscale sur le salaire net est perçue comme plus douce qu’en France, surtout pour les hauts revenus. 

Point important : la Suisse taxe la fortune chaque année. Le patrimoine mondial (immobilier, placements, cash, portefeuilles titres) doit être déclaré, et l’impôt sur la fortune augmente avec la taille du patrimoine. Les taux restent relativement bas (souvent en-dessous de 1 %), mais pour un expatrié très patrimonial, cela reste un coût annuel récurrent. 

Autre point clé : la Suisse exonère en principe les gains en capital privés sur titres (plus-values mobilières privées) de l’impôt sur le revenu, ce qui est très attractif pour les investisseurs financiers à titre personnel. Attention toutefois : si votre activité ressemble trop à du trading professionnel, l’administration peut requalifier. 

Enfin, la Suisse signe des conventions de non double imposition avec la plupart des pays européens, ce qui évite, pour la majorité des profils salariés et cadres expatriés, la double taxation totale sur le même revenu. 

Conclusion à ce stade : pour un salarié haut revenu ou un cadre dirigeant, la Suisse n’est pas “zéro impôt”, mais elle reste fiscalement compétitive, avec en plus un argument qualité de vie (sécurité, éducation, santé, stabilité).

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L’Andorre face à la Suisse : deux philosophies fiscales

Comparer la Suisse et l’Andorre est intéressant parce que les deux pays sont vus comme “paradis fiscaux” par le grand public. Mais en réalité, ils ne jouent pas du tout la même carte.

Andorre : faible taux pour tout le monde

En Andorre, le système est simple et lisible. L’impôt sur le revenu des particuliers est plafonné à 10 % sur la tranche supérieure. Les premiers 24.000€ sont à 0 %, puis 5% entre 24.000€ et 40.000€, puis 10 % au-delà. Il n’y a pas d’impôt général sur la fortune mondiale, pas d’ISF, pas de droits de succession entre résidents dans l’esprit français du terme, et l’impôt sur les sociétés tourne autour de 10 %. En clair, l’Andorre ne réserve pas la fiscalité avantageuse à une élite négociant un traitement spécial : elle applique à tout résident fiscal un régime déjà très léger.

Suisse : fiscalité modulable… pour ceux qui peuvent la négocier

La Suisse, elle, a une fiscalité plus classique (impôt sur le revenu, impôt sur la fortune, différences cantonales) et un coût de la vie très élevé, mais propose un tunnel VIP : le forfait fiscal. Ce mécanisme permet à certains expatriés fortunés de remplacer l’impôt mondial par une imposition négociée sur la base du niveau de vie, souvent bien inférieure à ce qu’ils paieraient ailleurs. 

Il faut donc distinguer :

  • Le cadre standard suisse (intéressant mais pas “zéro impôt”) ;
  • Le cadre privilégié du forfait fiscal (réservé à des profils à très haut patrimoine et sans activité locale) ;
  • Le cadre andorran, où la fiscalité basse est… la norme.

Autre différence majeure : l’Andorre ne taxe pas le patrimoine global comme la Suisse le fait via l’impôt sur la fortune. 

Expatriation : pour quel profil Suisse ou Andorre est la plus intéressante ?

S’expatrier en Suisse ou en Andorre n’obéit pas aux mêmes logiques. Le bon choix dépend de votre profil financier, patrimonial et professionnel.

Profil 1 : le très haut patrimoine international

Si vous êtes très fortuné, avec des revenus mondiaux importants (dividendes, plus-values, revenus passifs internationaux), la Suisse peut être extrêmement intéressante grâce au forfait fiscal. Vous obtenez une fiscalité négociée, stable, et un environnement haut de gamme (sécurité, écoles privées internationales, santé de premier ordre). Ce modèle est clairement pensé pour les ultra-high net worth individuals, et il reste utilisé par des célébrités, sportifs professionnels ou héritiers fortunés. Dans ce scénario, Andorre reste attractive, mais la Suisse offre parfois plus de prestige, plus d’infrastructures internationales et un accès plus direct aux marchés financiers mondiaux.

Profil 2 : l’entrepreneur / indépendant à hauts revenus

Si vous dirigez une entreprise digitale, du conseil haut de gamme, du e-commerce international ou du contenu en ligne, l’Andorre est souvent plus adaptée. Pourquoi ? Parce qu’en Andorre, l’impôt sur les sociétés est en général autour de 10 %, et l’impôt sur le revenu personnel est plafonné à 10 %. Le coût fiscal marginal est donc bas sans devoir négocier un régime spécial ni assumer l’impôt sur la fortune.

En Suisse, un entrepreneur qui exerce réellement son activité sur place ne peut pas utiliser le forfait fiscal. Il tombe dans le système classique (impôt progressif sur le revenu + impôt sur la fortune), ce qui peut devenir plus lourd à long terme, surtout si sa valorisation personnelle explose. 

Profil 3 : la famille qui cherche stabilité, sécurité, éducation

La Suisse est difficile à battre en termes d’infrastructures, de stabilité juridique, de santé et de réputation internationale. Elle offre, en plus, une image de sérieux et de discrétion. Andorre offre aussi sécurité, niveau de vie élevé et fiscalité basse, mais reste une micro-juridiction de montagne, avec une taille et un marché beaucoup plus petits.

Dit autrement :

  • Andorre est souvent choisie par les créateurs de valeur “mobiles” (entrepreneurs internet, crypto, consulting international).
  • La Suisse reste le choix classique des patrimoines déjà constitués qui veulent protéger, stabiliser et transmettre.

Conclusion : paradis fiscal Suisse ou Eldorado andorran ?

Qualifier la Suisse de “paradis fiscal” est une affirmation partiellement vraie. Pour un salarié ou un cadre supérieur, la Suisse demeure fiscalement avantageuse par rapport à la France, mais elle n’offre pas une exonération totale. Les revenus du travail y sont imposés de manière progressive et les patrimoines restent soumis à l’impôt sur la fortune, dont les taux varient selon les cantons. En revanche, pour les très grandes fortunes internationales prêtes à s’y installer durablement, la Suisse conserve un statut privilégié. Grâce au forfait fiscal — cette imposition négociée sur la base du train de vie plutôt que sur les revenus réels — elle devient un véritable havre fiscal moderne, associant stabilité, prestige et sécurité juridique.

L’Andorre, quant à elle, incarne une approche radicalement différente. Ici, la fiscalité allégée ne s’obtient pas par un régime sur mesure mais par un système globalement favorable à tous les résidents. Le pays ne connaît ni impôt sur la fortune ni impôt de type ISF, et l’impôt sur le revenu y est plafonné à 10 %. L’impôt sur les sociétés reste lui aussi limité à 10 %, tout en offrant un cadre de vie sûr et une grande proximité avec la France. L’Andorre attire ainsi une population plus diverse : entrepreneurs, indépendants, créateurs de contenu, investisseurs ou familles souhaitant conjuguer cadre montagnard, qualité de vie et pression fiscale faible, sans devoir négocier un statut fiscal spécifique. Le véritable choix, pour un expatrié, ne se résume donc pas à la simple question de savoir “où paie-t-on le moins d’impôts ?”. Il s’agit plutôt d’identifier quel pays correspond le mieux à son profil, à sa manière de générer ses revenus et à son projet de vie. La Suisse propose un environnement de prestige et de sécurité pour les très hauts patrimoines. L’Andorre, elle, offre un équilibre rare entre fiscalité légère, simplicité administrative et qualité de vie.

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