27.10.2025

S'expatrier en Italie : fiscalité, avantages et régimes spéciaux

L’Italie n’attire pas seulement pour son style de vie, son climat et son immobilier. Depuis plusieurs années, le pays a clairement décidé de devenir fiscalement attractif pour certaines catégories de nouveaux résidents : investisseurs internationaux, retraités étrangers, cadres qualifiés, talents qui reviennent ou s’installent en Italie. Résultat : une palette de régimes fiscaux préférentiels qui peuvent réduire très fortement l’impôt réel payé en Italie pendant plusieurs années. Dans certains cas, l’impôt est plafonné à un montant fixe, quel que soit le niveau de revenu mondial. Dans d’autres, seule une fraction du revenu est taxée. Mais attention : pour bénéficier de ces régimes, il faut réellement s’installer en Italie et devenir résident fiscal italien. Il ne s’agit pas d’une optimisation “à distance”, mais bien d’une expatriation assumée, avec changement de résidence fiscale.


Devenir résident fiscal italien : ce que cela implique

Avant de parler d’allègement d’impôt, il faut comprendre la base : quand est-ce qu’on est considéré comme résident fiscal italien ? En Italie, vous êtes en général considéré résident fiscal si vous remplissez au moins un de ces critères sur l’année fiscale :

  • Vous passez plus de 183 jours en Italie sur l’année (présence physique)
  • Vous avez en Italie votre foyer principal (centre de vie personnelle et familiale)
  • Ou votre centre d’intérêts économiques (là où vous gérez vos affaires, travaillez, dirigez, investissez).

L’Italie applique ensuite, par défaut, une fiscalité progressive sur le revenu des personnes physiques pouvant dépasser 40 % sur les tranches hautes, plus des surtaxes régionales et communales. C’est précisément pour rendre ce niveau d’impôt plus acceptable aux nouveaux arrivants que le pays a créé plusieurs “régimes d’accueil” pour les expatriés. Ces régimes permettent soit de plafonner l’impôt global, soit d’exonérer une partie du revenu, soit d’appliquer un taux ultra-réduit sur les revenus étrangers.

Le régime “impatriés” : réduction d’impôt pour ceux qui viennent travailler en Italie

Ce régime (souvent appelé “regime impatriati”) cible les salariés, cadres, dirigeants, indépendants qualifiés ou entrepreneurs qui décident de s’installer en Italie pour y exercer leur activité professionnelle. L’idée est simple : attirer du capital humain et des talents économiques.

Comment ça marche

Depuis les récentes réformes applicables aux nouvelles arrivées à partir de 2024, une partie importante du revenu reste hors impôt. En pratique, seulement 50 % du revenu d’activité (salaires, revenus assimilés, revenus indépendants) est imposable, au lieu de 100 %. Autrement dit, vous ne payez l’impôt italien que sur la moitié de vos revenus, et cela pendant une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans. Le régime prévoit aussi des bonifications familiales. Par exemple, lorsque l’expatrié s’installe en Italie avec au moins un enfant mineur (ou adopte un enfant ensuite), la part exonérée peut monter à 60 %, toujours dans la limite d’un plafond de revenu éligible (plafond mentionné à 600.000 € par an pour l’avantage fiscal). 

Traduction concrète : si vous avez un salaire brut élevé ou une activité indépendante rentable, votre base imposable est mécaniquement réduite de moitié (voire davantage selon votre situation familiale). On parle d’un avantage massif sur 5 ans, pensé pour convaincre les profils qualifiés — et leurs familles — de s’installer durablement en Italie.

Conditions d’accès

Pour profiter du régime impatriés :

  • Vous devez transférer votre résidence fiscale en Italie ;
  • Vous ne devez pas avoir été résident fiscal italien au cours des dernières années (en général sur 3 déclarations fiscales précédentes) ;
  • Vous devez exercer votre activité (salariée ou indépendante) principalement en Italie pendant la période de bénéfice du régime. 

Ce régime est donc idéal pour l’expatrié actif : manager détaché en Italie, consultant haut revenu qui “relocalise” son activité, entrepreneur tech qui décide d’installer son siège opérationnel en Italie.

Partir vivre en Italie ou en Andorre ?

Actualite S expatrier en italie fiscalite 1 Actualite S expatrier en italie fiscalite 3

Le régime à taux fixe (flat tax) pour les hauts patrimoines

L’Italie propose aussi un régime spécial pour les personnes à hauts revenus mondiaux, souvent appelé “flat tax pour nouveaux résidents” (régime des néo-résidents). C’est l’un des dispositifs les plus commentés à l’international.

Le principe : un impôt plafonné, pas un pourcentage

Plutôt que d’imposer tous vos revenus mondiaux selon le barème progressif italien, l’Italie autorise certains nouveaux résidents à payer un impôt forfaitaire annuel sur les revenus de source étrangère. Historiquement fixé à 100.000 € par an, ce forfait a été relevé pour les nouveaux arrivants à 200.000 € par an, selon les annonces et décrets récents visant à ajuster le coût budgétaire du dispositif. 

Important : ce montant est fixe. Que vous perceviez 1 million, 5 millions ou 20 millions d’euros de revenus et plus-values à l’étranger, l’impôt italien dû sur ces revenus étrangers reste plafonné à ce forfait annuel. Le régime peut durer jusqu’à 15 ans. Ce régime peut également être étendu aux membres de la famille (conjoint, enfants) moyennant un complément forfaitaire par personne (par exemple 25.000 € par an). 

Qui est visé

Ce régime vise clairement les personnes à très haut patrimoine, ou les dirigeants internationaux très mobiles qui souhaitent sécuriser leur résidence fiscale dans un pays stable de l’UE, tout en évitant une imposition mondiale confiscatoire. L’Italie assume le message : venez vivre ici, dépensez ici, investissez ici, nous ne taxerons pas vos revenus étrangers au barème classique.

Conditions d’accès

Pour bénéficier de ce régime :

  • Il faut devenir résident fiscal italien ;
  • Il faut ne pas avoir été résident fiscal italien dans les 9 des 10 dernières années précédant l’arrivée ;
  • Il faut accepter de payer ce forfait chaque année. 

Ce point est stratégique pour un expatrié français propriétaire d’actifs importants à l’étranger (participations, holdings internationales, revenus financiers mondiaux) : l’Italie devient alors une base de vie offrant un cadre juridique européen, une qualité de vie élevée et une visibilité fiscale très claire.

Le régime à 7 % pour les retraités étrangers

Il existe un autre dispositif extrêmement intéressant si vous êtes retraité et que vous percevez votre pension depuis l’étranger. L’Italie a instauré un régime spécial dit “flat tax à 7 %” destiné à revitaliser les régions du sud et certaines communes de taille réduite.

Le principe

Si vous transférez votre résidence fiscale dans une commune éligible du sud de l’Italie (par exemple dans des régions comme la Calabre, la Sicile, la Sardaigne, la Pouille / Puglia, la Campanie, le Molise ou l’Abruzzes) et que cette commune compte moins d’environ 20.000 habitants, vos revenus de source étrangère — y compris votre pension étrangère — peuvent être imposés à un taux fixe unique de 7 %. Ce taux de 7 % ne s’applique pas seulement à la pension : dans la pratique, il peut aussi couvrir d’autres revenus étrangers (dividendes, loyers étrangers, intérêts, etc.), ce qui est redoutablement attractif pour un retraité aisé qui souhaite un cadre de vie méditerranéen à coût fiscal très faible. La durée du dispositif est généralement de 9 ou 10 ans selon les textes d’application, ce qui permet une visibilité fiscale à moyen terme. 

Quelles erreurs éviter quand on s’expatrie en Italie pour des raisons fiscales

Avant de s’expatrier en Italie pour alléger sa fiscalité, il faut garder trois réalités en tête.

  • Premièrement, la notion de résidence fiscale est centrale. Si vous vous déclarez résident italien mais que vous continuez à vivre principalement en France (famille, logement principal, activité, centre économique), l’administration française peut considérer que vous êtes toujours fiscalement résident en France et donc imposable en France sur vos revenus mondiaux. Les conventions fiscales entre États servent justement à trancher ce type de conflit et à éviter la double imposition, mais elles s’appuient sur des faits concrets (où vous vivez vraiment, où vous travaillez réellement).
  • Deuxièmement, les régimes italiens sont puissants mais ne sont pas automatiques. Il faut les demander, prouver son éligibilité et respecter les critères dans la durée : durée minimale de résidence, seuils d’investissement, implantation dans une région donnée, etc. Dans le cas du régime forfaitaire à 200 000 € pour hauts patrimoines, par exemple, le montant est dû chaque année, même si vos revenus étrangers chutent.
  • Troisièmement, ces régimes ont une durée limitée. Le régime impatriés dure en principe cinq ans, le régime à 7 % pour retraités couvre environ dix ans, et la flat tax haut patrimoine peut durer jusqu’à quinze ans. Il faut donc raisonner long terme : après la fin du régime, vous retombez dans la fiscalité italienne standard, qui reste progressive et peut grimper à plus de 40 %. 

En résumé : s’expatrier en Italie pour la fiscalité, oui… mais pas sans vraie installation

S’expatrier en Italie pour des raisons fiscales peut être extrêmement avantageux, à condition de choisir le bon régime par rapport à votre profil. Les cadres et entrepreneurs actifs peuvent réduire de moitié (voire davantage) leur revenu imposable grâce au régime impatriés. Les très hauts patrimoines peuvent plafonner leur impôt sur les revenus étrangers grâce à la flat tax forfaitaire désormais fixée à 200.000 € par an pour les nouveaux arrivants. Les retraités étrangers peuvent bénéficier d’un taux fixe à 7 % en s’installant dans certaines communes du sud de l’Italie, avec une visibilité fiscale proche de dix ans. Mais tout cela repose sur une condition-clé : devenir réellement résident fiscal italien. Cela veut dire vivre en Italie, y passer du temps, y déclarer ses revenus et s’y projeter dans la durée. L’Italie ne vend pas un passeport fiscal théorique. 

Epona, Gestoria spécialisée en Andorre vous aide à avancer avec stratégie ! Ses domaines d'expertise :  création de société, analyse fiscale, ouverture de compte bancaire, comptabilité, expatriation et installation, achat et location immobiliers, achat de voiture…